Dans la Vallée de la Vésubie, entre la Bollène-Vésubie et Belvédère, l'on aperçoit un imposant bloc rocheux, sous lequel se trouvent deux antennes de télécommunications. Sur la carte IGN Top 25, ce bloc n'a pas de nom, ce qui est inhabituel dans la région pour un objet géographique de cette taille.
Lors de notre randonnée au Mont Péla, nous avons franchi un minuscule sommet dans la forêt, répondant sur la carte au nom de Caïre de Saint-Sauveur. Le mot caïre (ou caire, ou cayre) évoque habituellement un sommet rocheux, comme le Caïre Archas, le Caïre de la Madone (à la Madone de Fenestre), ou encore les vertigineux Caïres Nègres du Pelago. Mais jamais une butte dans une forêt, tellement insignifiante que personne n'aurait l'idée de lui donner un nom.
Entre le bloc sans nom et la butte, une distance de seulement 400 mètres, mais le positionnement du libellé "Caïre de Saint-Sauveur" ne laisse pas de doute sur l'objet auquel il fait référence :
De retour dans la vallée, pour tâcher de comprendre, plongée dans les anciennes cartes, grâce au service Remonter le temps de l'IGN. D'abord, un coup d’œil à la carte au 1:50000 de 1950 :
Le Caïre de Saint-Sauveur est positionné sur notre bloc rocheux, et notre butte n'a pas de nom. Cohérent avec les hypothèses formulées plus haut. Retournons encore plus loin dans le passé, vers 1850, sur la carte d'état-major de l'époque :
Le dessin est nettement moins précis, mais l'on distingue quand même que le Caïre de Saint-Sauveur est bien notre bloc.
Conclusion : à un moment entre 1950 et aujourd'hui, un dessinateur de l'IGN a déplacé le texte Caïre de Saint-Sauveur, débaptisant involontairement un majestueux éperon rocheux au profit d'un monticule qui n'en demandait sûrement pas tant !